1. Contexte
Haïti figure parmi les cinq pays au monde les plus exposés aux risques de catastrophes naturelles. Cela s’explique par sa position géographique ainsi que par les nombreux défis liés à sa capacité de réponse. Environ tous les deux ans, une catastrophe naturelle telle que tremblement de terre, cyclone, inondation ou sècheresse frappe le pays. L’impact de ces événements est souvent intensifié en raison de la crise multiforme qui sévit depuis plusieurs années. Les pertes en termes de vies humaines, infrastructures et moyens de subsistance sont énormes.
Plusieurs programmes visant à renforcer la préparation et la réponse aux situations d’urgence ainsi que la résilience des populations ont été mis sur pied. En 2021, le « Plan national de gestion des risques de désastre » a été révisé pour mieux répondre aux enjeux en matière de risques de catastrophe. Sa révision a également permis son adaptation au « Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe » et au « Plan stratégique de développement d’Haïti ».
> Liens vers le Plan national de gestion des risques de désastre 2019 – 2030
Le Plan national de gestion des risques de désastre 2019-2030 se décline selon quatre axes stratégiques. Ces axes s’alignent sur le Cadre de Sendai dont les priorités d’intervention visent à :
- Améliorer la connaissance des risques de catastrophe
- Renforcer la gouvernance des risques de catastrophe
- Développer et utiliser des mécanismes financiers pour le renforcement de la résilience des communautés et des structures publiques et privées
- Améliorer la préparation pour une réponse efficace et un relèvement rapide suite à un désastre
2. Pourquoi ce site ?
Suite au passage de l’ouragan Matthew en 2016, le long de la côte sud d’Haïti, des centaines de personnes qui vivaient dans des zones reculées au niveau des mornes ont perdu la vie. En réponse, la Coopération Suisse a lancé un projet de reconstruction de Port-Salut à Tiburon dont un des objectifs était le développement d’un prototype d’abri communautaire et l’intégration d’abris au système de protection civile.
Les abris permettent d’évacuer les populations des zones difficiles d’accès vers des lieux sûrs en cas de phénomènes météorologiques extrêmes.
Ce site Web vise à partager les expériences des diverses parties prenantes en termes de construction et d’intégration des abris communautaires. Il se présente comme une boîte à outils pouvant inspirer des organisations qui soutiennent les efforts en matière de protection civile.
3. Concept de base d’un abri communautaire
Le concept d’abri communautaire repose sur les 4 axes prioritaires qui figurent au niveau du Plan national de gestion des risques de désastre ainsi que sur le principe d’intégration des populations et des autorités locales, départementales et nationales au niveau de la planification et de la construction des abris (approche participative).
Dans le but de prendre en compte les 4 axes prioritaires, le projet a mis l’accent sur :
- Une approche technique « hard » à travers le développement de prototypes et la construction des abris
- Un approche sociale et participative « soft » à travers l’intégration des abris au niveau du système de la Direction générale de la protection civile (DGPC), la création et la mise en place d’organismes de protection civile au niveau local (comités locaux de protection civile (CLPC), équipes d’intervention communautaire (EIC), comités locaux de gestion des abris (CLGA)), la formation des familles et l’élaboration de plans d’urgence pour les familles.
Le projet a également mis l’accent sur les aspects suivants :
- Construction antisismique et anticyclonique
- Adaptation des constructions selon les caractéristiques propres aux zones isolées et difficiles d’accès
- Abri multifonction (abri provisoire/temporaire et/ou centre de distribution ou encore centre communal en dehors des saisons cycloniques)
- Entretien facile des constructions et des installations
- Matériel d’urgence disponible dans les dépôts
- Formation des membres des structures de la protection civile
Dans le cadre du projet, deux types d’abris (type 1.0 et type 2.0) ont été développés et construits. Certains aspects de la construction tels que les blocs sanitaires ou encore le système de récupération de l’eau de pluie en lien avec les questions d’eau, d’hygiène et d’assainissement (EHA) sont développés en collaboration avec l’office régionale de l’eau potable et de l’assainissement (OREPA).
En dehors des saisons cycloniques, l’abri peut être utilisé dans le cadre des activités de la communauté (fêtes, mariages, campagne de vaccination etc.). L’organisation d’événements peut permettre de générer des fonds pour financer l’entretien de l’abri. Néanmoins, l’objectif premier de l’abri est de protéger les populations et de sauver des vies en cas d’urgence.
Par ailleurs, selon le contexte et la taille du terrain, les abris comportent idéalement :
- Un module abri pour les femmes
- Un module abri pour les hommes
- Un bloc sanitaire pour les femmes (latrines / douches)
- Un bloc sanitaire pour les hommes (latrines / douches)
- Un dépôt pour la protection civile
- Un système de récupération de l’eau de pluie
- Une zone de gestion des déchets
Remarque : Suite au tremblement de terre et lors du passage des deux tempêtes tropicales Elsa et Grâce en 2021, les 4 premiers abris communautaires ont été largement utilisés par les populations locales. Près de 2000 personnes y ont été accueillies. Ces résultats ont été un facteur de motivation pour la DGPC et le Comité thématique évacuation et gestion des abris provisoires (CTEGAP) dans le cadre de la promotion de la construction d’abris communautaires dans d’autres régions.
>Plans de construction des abris de type 1.0 et 2.0
>Rapport diagnostic communautaire Barbois
>Rapport diagnostic communautaire Sentiment