1. Construction d’un abri de type 1.0 et 2.0
Ce chapitre couvre les sujets suivants :
1.1. Eléments composant un abri communautaire
1.2. Dévelopmement des plans d’abris de type 1.0 et 2.0
1.3. Concept de construction des modules abris de type 1.0 et 2.0
1.4. Construction du module abri
1.5. Construction du bloc sanitaire
1.6. Construction du système de récupération d’eau de pluie
1.7. Construction du dépot
1.8. Aménagement de l’extérieur
1.9. Entretien et formation sur l’eau, l’hygiène et l’assainissement (EHA)
1.1. Eléments composant un abri communautaire
Un abri communautaire est composé de plusieurs bâtiments :
- Module abri hommes / femmes
- Bloc sanitaire (latrines / douches) hommes / femmes / mixte
- Dépôt de la protection civile
- Système de récupération de l’eau de pluie
- Zone de gestion des déchets
La disposition des bâtiments est spécifique au site. Elle est établie au niveau du plan d’aménagement et fait l’objet d’une discussion préalable avec le comité et les autorités.
1.2. Développement des plans d’abris de type 1.0 et 2.0
Deux types d’abris ont été développés dans le cadre du projet de reconstruction :
- Abri 1.0 G60 (Structure en gabion)
- Abri 2.0 G60 (Structure de cadre) et Abri 2.0 – G40
Les aciers de qualité G60 n’étant pas toujours disponibles sur les marchés locaux, un sous-type d’abri de type 2.0 a été développé avec des aciers de qualité G40.
Remarque:
Aucun abri de type 2.0 – G40 n’a été construit dans le cadre du projet.
Les deux types d’abris sont construits selon les mêmes principes :
- Construction antisismique et anticyclonique adaptée au contexte
- Maximisation de l’utilisation des matériaux locaux
- Implication de la population locale (approche participative)
- Flexibilité d’utilisation
Les hypothèses suivantes ont été appliqués pour le calcul statiques des abris.
Hypothèses pour la construction d’un abri de type 1.0, G60
a. Toiture : 1,0 kPa
b. Vent : Vitesse de référence 130 MPh (soit 209.21 km/h) zone IV (CNBH 2012); et calculée pour 150 MPh
c. Classification du sol : <<D>>
d. Accélération maximale du sol ou PGA (acronyme anglais pour Peak ground acceleration) 0,40 g ou 3,92 m/s2
e. Ss = 0.99
f. S1 = 0,33
g. Ie = 1,25
Hypothèses pour la construction d’un abri de type 2.0 (G 40 & G60)
a. Toiture : 1,0 kPa
b. Vent : Vitesse de référence 130 MPh zone IV (CNBH 2012); et calculée pour 150MPh
c. Classification du sol : <<E>>
d. PGA = 0,77g
e. Ss = 2,05
f. S1 = 0,61
g. Ie = 1,25
Remarque:
Il est recommandé de ne pas privilégier la construction d’un abri de type 2.0 – G40. Sa structure n’étant pas symétrique, une supervision plus stricte est nécessaire. De plus, ce type d’abris requiert plus de matériaux de construction (ciment, sable, gravier) car les fondations et le cadre sont de plus grande dimension.
1.3. Concept de construction des modules abris de type 1.0 et 2.0
Les différences entre ces deux types de construction sont principalement liées à leurs dimensions et aux paramètres de construction des murs et des fondations. Pour une surface de 10,60 m x 9,00 m, un abri de type 1.0 sera plus grand que celui de type 2.0. Le type 2.0 a en effet une forme plus allongée (11,60 m x 6,80 m). Les dimensions des abris ne devraient donc pas être modifiées car cela exigerait de recalculer les dimensions des bâtiments qui les composent. Selon la taille du terrain et la disponibilité des matériaux au niveau de la région, il convient de choisir le type d’abri approprié et d’évaluer le nombre de modules à construire.
La structure porteuse des murs d’un abri de type 1.0 se compose de deux éléments : des murs en maçonnerie de pierre sèche avec grillage galvanisé et une structure métallique intérieure de renforcement ou contreventement. Ces deux éléments, les murs et la structure, sont ancrés au niveau de la fondation à l’aide de poutres de libage en béton armé. La fondation est construite en maçonnerie de pierre basée sur une semelle filante.
La structure porteuse d’un abri de type 2.0 est faite de murs en maçonnerie de pierre avec des colonnes et des poutres en béton armé. La structure porteuse, à l’aide des murs de maçonnerie, est ancrée de manière rigide dans la dalle de fondation et est renforcée/contreventée par des poutres. La maçonnerie fournit un contreventement supplémentaire. Au niveau des calculs, la structure de cadre est définie comme la seule structure porteuse.
Les deux types d’abri disposent d’une toiture en croupe avec des poutres en treillis métalliques et contreventées. La structure porteuse du toit est vissée à la poutre avec des plaques d’ancrage métalliques et une couronne en béton armé. Le revêtement en tôles trapézoïdes est fixé sur des lattes métalliques.
1.4. Construction du module abri
Pour les abris de type 1.0 et 2.0 la durée de construction est similaire. La construction des structures porteuses étant différente au niveau des murs et des fondations, certaines procédures le sont également.
>Plan AutoCAD d’un abri de type 1.0 G60
>Plan AutoCAD d’un abri de type 2.0 G60
>Plan AutoCAD d’un abri de type 2.0 G40
1.4.1. Travaux préliminaires
Suite au développement d’un projet adapté au site de construction choisi, à sa validation par la protection civile et à la réception des papiers fonciers, les membres de la communauté sont mobilisés par le comité de pilotage afin de commencer les travaux préliminaires.
Les travaux préliminaires englobent principalement :
- L’aménagement de l’espace et la garantie d’accès au chantier pour le transport des matériaux
- Le défrichage et le nivellement du terrain selon les instructions de l’ingénieur en charge
- La collecte ou la réception d’environ un tiers (1/3) des matériaux locaux nécessaires (pierres, sable)
- Le contrôle de la qualité des matériaux nécessaires afin d’assurer un déroulement sans interruption du chantier
1.4.2. Implantation
Une fois le terrain nivelé et nettoyé, le plan d’aménagement est soumis à une vérification finale. Cette vérification permet de porter une attention particulière à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite ou celles ayant un handicap ainsi qu’à l’évacuation des eaux de pluie (drainages). Le niveau du sol intérieur de chaque bâtiment est déterminé en fonction du terrain extérieur.
L’étalonnage des bâtiments est effectué à l’aide d’une corde d’échafaudage.
1.4.3. Sol, Fondation
Afin d’éviter d’avoir à refaire les calculs et d’éviter les erreurs, les calculs relatifs aux différents types d’abris ont été effectués en fonction de la qualité de sol la plus inférieure selon le Code National du Bâtiment de Haïti (D/E).
Remarque:
Normalement, il incombe aux membres de la communauté de réaliser l’excavation pour les fondations. Si on retrouve un terrain très rocheux, il est recommandé de fournir un appui à la communauté avec des moyens appropriés (excavateur ou plus d’ouvriers) afin de ne pas retarder les travaux de construction.
Abri 1.0
Une fois l’excavation pour créer la fondation en bande achevée, la semelle filante en béton armé est construite. Par la suite, un mur de fondation en maçonnerie de roche est érigé. La hauteur de la poutre libage en béton armé est déterminée selon celle du sol intérieur, soit 20 à 30 cm au-dessus de ce dernier. Avant le bétonnage, des tiges filetées sont positionnées dans le ferraillage de la poutre libage à l’aide d’une plaque provisoire, en bois ou en métal. Cela permet de fixer ultérieurement la structure métallique. Le ferraillage du parquet en béton est relié au ferraillage de la poutre libage avant le bétonnage de la dalle de parquet.
Abri 2.0
Une fois l’excavation achevée, une couche de protection, appelée béton de propreté, en béton maigre est réalisée. Puis, le ferraillage de la dalle de fondation (semelle filante en béton armé) ainsi que le ferraillage des poteaux jusqu’à hauteur de la poutre couronne sont réalisés. Le mur de fondation en maçonnerie de pierre est érigé après le bétonnage de la dalle de fondation. Le béton des poteaux est coulé jusqu’en dessous de la poutre libage. Lors de la pose du ferraillage de la poutre libage, la supervision s’impose afin que les aciers soient correctement reliés aux aciers des poteaux. Les aciers utilisés pour le parquet en béton sont intégrés dans le ferraillage de la poutre libage. La poutre libage et la dalle de parquet sont coulées et lissées. La première rangée de pierres de la maçonnerie des murs est posée sur du béton frais.
1.4.4. Murs
Abri type 1.0: Avant de réaliser la maçonnerie en pierre des murs, la structure métallique avec les renforcements est construite. Au moyen d’un échafaudage en corde, l’orthogonalité de la construction est assurée. Les pierres sont posées correctement et sont remplies avec peu de mortier.
Pendant les travaux de maçonnerie, les murs, les ouvertures des fenêtres et les portes sont réalisés. Des fils galvanisés pour le montage du grillage sont placés dans les murs en respectant les distances correctes. Après les travaux de maçonnerie, le grillage galvanisé est à son tour monté autour des murs. Le ferraillage de la poutre couronne est réalisé sur les murs et les tiges filetées pour le bon ancrage de la structure métallique et du toit dans le ferraillage. Par la suite, le béton de la poutre couronne est coulé. La structure métallique de contreventement intérieur et la structure du toit sont ancrées dans la poutre couronne à travers des plaques métalliques et des tiges filetées.
Remarque:
La bonne pose des roches (en particulier dans le cas des roches posées à continuation) aainsi que la qualité des soudures de la structure métallique de contreventement méritent une attention particulière.
Abri type 2.0: L’orthogonalité de la structure est assurée au moyen d’un échafaudage en corde. Les murs en maçonnerie sont bétonnés selon le principe de la maçonnerie chainée. Les murs en maçonnerie de pierre avec peu de mortier de sable et ciment sont maçonnés entre les poteaux jusqu’à 1,00 mètre au-dessus de la poutre libage. Les colonnes sont bétonnées par étape jusqu’à hauteur de la poutre intermédiaire. Les murs en maçonnerie sont bétonnés selon le principe de maçonnerie chainée.
Le ferraillage de la poutre intermédiaire est réalisé en veillant à ce que les aciers soient correctement intégrés dans le ferraillage des poteaux. La première rangée de pierres placée au-dessus de la poutre intermédiaire est posée sur du béton frais. La maçonnerie de pierre est maçonnée jusqu’en dessous de la poutre couronne et les piliers sont bétonnés au même niveau. En réalisant le ferraillage de la poutre couronne, les tiges filetées pour l’ancrage du toit sont correctement placées. Puis, le béton de la poutre couronne est coulé.
Remarque:
Une attention particulière doit être portée au contrôle continu de la qualité du béton. Des échantillons doivent être prélevés régulièrement. Pour garantir la qualité du béton, il faut s’assurer d’avoir une bonne compression et une bonne vibration de manière générale et ce, en particulier, lors du bétonnage des poteaux.
1.4.5. Toiture
Les poutres en treillis métalliques pour la construction du toit sont fabriquées sur place. Lors du montage, le toit est fixé dans la poutre couronne avec des plaques métalliques vissées aux tiges filetées.
La structure porteuse du toit est stabilisé par des contreventement verticaux. Les tôles trapézoïdes sont fixées à travers des lattes métalliques au niveau de la structure porteuse de la toiture.
Remarque:
La forme du toit en croupe offre peu de surface d’attaque aux vents forts.
1.4.6. Travaux de finission / portes et fenêtres / panneaux solaires
Pour garantir un nettoyage facile, les surfaces intérieures sont enduites et le sol lissé.
Les portes et fenêtres métalliques sont les derniers éléments à être installés. Leur production se fait sur mesure. Les dimensions définitives sont prises à la fin des travaux. Des portes solides et durables sont nécessaires pour assurer les voies d’évacuation. Elles s’ouvrent vers l’extérieur.
Pour un meilleur fonctionnement de l’abri en temps normal, mais aussi en cas d’urgence, des panneaux solaires peuvent être installés pour garantir un minimum d’électricité afin de communiquer et d’éclairer l’espace.
1.5. Construction du bloc sanitaire
Les blocs sanitaires sont construits selon le concept de la DINEPA. La fosse est creusée en fonction de l’emplacement et du niveau de la nappe phréatique. Pour éviter les odeurs désagréables, la fosse est ventilée par des tuyaux de ventilation munis de moustiquaires.
Ces infrastructures sanitaires, importantes au bon fonctionnement de l’ensemble des bâtiments, sont réalisées en maçonnerie chainée. Des tôles ondulées sont fixées sur une structure simple en bois servant de toit.
Pour faciliter le nettoyage, les murs intérieurs sont enduits et les sols lissés.
Le bloc sanitaire est construit en garantissant l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Les portes sont suffisamment larges et s’ouvrent vers l’extérieur. Si nécessaire, des rampes sont construites et des balustrades installées.
>Plan du bloc sanitaire
>Concept de maçonnerie chainée
1.6. Construction du système de récupération de l’eau de pluie
La disponibilité de l’eau est une condition préalable à la construction des latrines. Dans les pays tropicaux tels qu’Haïti, il pleut souvent et parfois même entre de fortes pluies.
Le toit en croupe permet de recueillir l’eau de pluie de deux côtés du toit. L’eau est récupérée via des gouttières raccordées à un réservoir. Le réservoir est l’élément principal du système de récupération de l’eau de pluie. Il est construit en ferrociment.
Le robinet est installé à environ cinquante (50) centimètres au-dessus d’un bassin de collecte d’eau. Le bassin de collecte d’eau est facile à nettoyer. Il dispose d’une inclinaison pour éviter l’accumulation d’eau stagnante. Un élément important de l’installation est la première chasse d’eau (en anglais « first flush »). Le « first flush » empêche l’écoulement d’eau polluée dans le réservoir.
Remarque:
Dans la mesure du possible, le système de récupération de l’eau de pluie est placé entre le bloc sanitaire et les modules abri afin de faciliter le lavage des mains. Une attention particulière est portée sur la bonne fixation de tuyaux sanitaires et l’utilisation de matériaux de bonne qualité qui nécessitent moins d’entretien. La qualité des robinets est essentielle.
Il est recommandé de construire le système de récupération de l’eau de pluie au début des travaux pour profiter de la disponibilité en eau lors des travaux de construction.
>Plan du réservoir en ferrociment
1.7. Construction du dépot
En complémentarité aux formations destinées à la protection civile locale, le dépôt sert à entreposer du matériel en cas d’éventuelles urgences. Il vient renforcer l’aspect pratique des formations de la protection civile locale en matière de préparation aux risques. La structure du dépôt est construite de manière simple selon le principe de la maçonnerie chainée et les normes de la protection civile.
1.8. Aménagement de l’extérieur
Afin d’éviter que l’ensemble des bâtiments ne soit inondé ou endommagé lors du passage de tempêtes tropicales, les alentours du site doivent être aménagés en conséquence. Il convient de stabiliser les pentes et d’avoir des drainages et des canaux suffisamment dimensionnés. La voie d’accès doit être aménagée d’une manière durable qui garantit l’infiltration de l’eau.
Afin d’éviter les accidents, des balustrades doivent être installées aux endroits qui présentent un risque d’accident.
Par ailleurs, pour garantir un meilleur entretien de l’espace et pour des raisons d’hygiène, il est important de définir une zone des déchets.
1.9. Entretien et formation en eau potable, hygiène et assainissement (EHA)
Vers la fin des travaux, des responsables de la protection civile au niveau local sont formés à l’entretien et au nettoyage du site et de l’ensemble des éléments qui le compose. Un kit de matériel de nettoyage est mis à leur disposition. Par ailleurs, la construction de blocs sanitaires et de systèmes de récolte de l’eau de pluie exige la sensibilisation et la formation de la communauté sur la thématique EHA.
>Lien vers les formations et les manuels